Goris, si loin, si importante…

Située à 250 km au sud-est d’Erevan, Goris est une grande cité nichée au cœur de la chaîne montagneuse du Zanguezour. Les conditions de vie y sont difficiles. Hivers rigoureux, isolement géographique, stress hérité du conflit arméno-azéri…

En effet, la population du Syunik a payé un lourd tribut à la guerre du Karabagh dont cette région est en quelque sorte “la porte d’entrée”. C’est par Goris que passe l’unique route reliant la jeune République d’Arménie à la région historiquement arménienne du Karabagh, mais aussi à l’Iran. Elle a joué un rôle déterminant dans la survie du pays au cours des deux dernières décennies en permettant les échanges vitaux pour la région à une époque où deux des quatre pays frontaliers imposaient à l’Arménie un long blocus, toujours présent à ce jour.

Le Syunik, « portail sud de l’Arménie »

Novembre 2004, une délégation de l’ASAF se rend à Goris pour rencontrer les autorités du Syunik afin de connaître leurs attentes en matière de besoins et d’offres de soins de santé et de dresser ainsi un “état des lieux”. Le gouverneur Souren Khatchadourian présente la province qu’il dirige comme « le portail sud de l’Arménie et la plus grande région du pays avec ses 15 % du territoire (4 505 km2), ses 109 communes et ses 135 000 habitants, dont 106 000 vivent en haute altitude ou au bord des frontières.

Cette région, difficilement accessible depuis la capitale (plus de quatre heures de route – enneigée pendant de longs mois – à travers les montagnes), est en outre totalement dépourvue de prise en charge des maladies cardiovasculaires. Or,comme chacun sait, dans le cas de l’infarctus du myocarde, le délai de la prise en charge est déterminant dans le pronostic vital du patient. Le temps et donc la distance sont essentiels pour sauver des vies.

Goris compte 23 216 habitants. La province de Syunik présente une situation stratégique pour l’Arménie, et au cours du conflit du Karabagh, Goris a joué un rôle important. Elle fait le lien entre le Nord du pays et le Sud, mais aussi le Karabagh. Pour nous, cette région a non seulement été essentielle pour la survie du Karabagh, mais aussi pour l’Arménie tout entière. La distance qui nous sépare d’Erevan (250 km à travers les montagnes, ndlr) suffit à vous dire l’étendue des problèmes que nous connaissons. »

L’ASAF et le Fonds Arménien de France unissent leurs forces

Novembre 2006, l’ASAF et le Fonds Arménien de France (FAF) signent un accord pour la promotion du projet et la répartition des tâches en fonction de leur domaine d’expertise respective.

  • Le FAF prend en charge la construction du bâtiment (avec une contribution de l’ASAF).

  • L’ASAF, avec les cardiologues interventionnels qu’elle a formés en France et à leur tête le chirurgien cardiaque Mher Sousani, s’engage à organiser la mise en place de l’équipement, du plateau technique et du fonctionnement du futur Centre Cardiovasculaire Franco-Arménien.

2007: premiers plans, première maquette

i 2007, l’ASAF acquiert le terrain qui accueillera la future antenne déportée de cardiologie. Située à l’entrée nord de Goris, sur les hauteurs, cette parcelle plane de 10 000 m2 domine la ville.

Pierre Ollivier, architecte concepteur du CCFA, et Richard Findykian en compagnie des autorités de Goris sur le terrain de 10 000m2 acquis par l’ASAF pour accueillir le futur Centre cardiovasculaire.

Le projet architectural confié à Pierre Ollivier, architecte-urbaniste à Aubagne (France), se présente sous la forme d’un bâtiment de 17 mètres de long sur 50 de large pour une surface de 1 600 m2 sur deux niveaux (800 + 800). Conçu selon les normes françaises, il répond par ailleurs aux normes parasismiques. Un parking est également prévu pour l’accueil des familles des patients.

2009: le CCFA devient réalité

27 mai 2009, premiers coups de pelleteuses. Les engins de terrassement entrent en action, un trou de 60 mètres sur 20 est creusé pour construire les fondations du Centre Cardiovasculaire Franco-Arménien.

13 juillet 2009, pose de la première pierre. Cette cérémonie marque le lancement symbolique de la construction du CCFA, en présence de Souren Khatchadourian, gouverneur de la province du Syunik, Ara Dolountz, vice-gouverneur, Nelson Voskanian, maire de Goris, Marcel et Noubar Tchifteyan, membres fondateurs du CCFA, des docteurs Mher Sousani et Avedis Matikian, ainsi que des autorités religieuses.

2010: fin des travaux

Octobre 2010, la construction du bâtiment du CCFA est terminée, commence alors la phase d’équipement à la charge de l’ASAF.

Le président de la République arménienne Serge Sarkissian (au centre) a visité le CCFA sous la conduite des docteurs Avédis Matikian (à droite) et Mher Sousani (à gauche)

16 octobre 2010, le CCFA à l’honneur. Serge Sarkissian, le président de la République d’Arménie se rend spécialement à Goris pour visiter les installations du Centre Cardiovasculaire Franco-Arménien.

2011: mise en place du plateau technique par l’ASAF

Le bâtiment terminé, l’ASAF peut commencer à mettre en place le plateau technique : matériel médical, informatique, économat, literie… sont expédiés à Goris par containers (dix à ce jour), avec l’aide de l’Union Armenian Found (UAF).

De même que cinq ambulances entièrement équipées de réanimation offertes par les sapeurs-pompiers des Bouches-du-Rhône, soutiens de l’ASAF depuis 1993.

Octobre 2011: création du Fonds de Dotation CCFA

En plus du volet technique et logistique, l’ASAF, assisté par un cabinet d’avocats spécialisé en droit des fondations, met en place la structure juridique nécessaire au fonctionnement du Centre cardiovasculaire Franco-Arménien selon les critères et l’éthique de la médecine française. Les premiers membres du personnel sont recrutés : équipe de cardiologues, infirmières, aides-soignantes, ingénieurs biomédicaux mandatés par l’ASAF, directeur, personnel administratif et technique…

Janvier 2013: le CCFA est opérationnel

Il est l’œuvre d’une équipe de professionnels de la santé et d’acteurs de la vie économique et sociale (entrepreneurs, institutionnels, comptables, communicants, juristes…), arméniens et non arméniens.

L’ASAF a ainsi atteint l’objectif ambitieux qu’elle s’était fixé mais cela ne marque pas pour autant la fin de son action. L’objectif est maintenant de rendre pérenne et autonome cette structure à court et moyen terme.

Le CCFA en chiffres

Structure

  • 1 bâtiment de 50 m de long sur 17 m de large
  • 1 600 m2 sur 2 niveaux + 800 m2 de réserve en sous-sol

Equipement / Plateau technique

  • 25 lits
  • 2 salles de coronarographie
  • 1 salle de surveillance post-interventionnelle (SSPI)
  • 3 salles de consultation et exploration cardiovasculaire
  • 1 salle de radiologie
  • 1 laboratoire d’analyses médicales
  • 1 pharmacie interne
  • 5 ambulances équipées de réanimation

Personnel médical, paramédical, administratif et technique

Pour en savoir plus sur le Centre Cardiovasculaire Franco-Arménien: www.goris.fr